I/ Des données statistiques et accidentologiques « inattendues »


A/ Les études anglo-saxonnes et nord américaines (bibliographie)

 

On a deux types d’études dans le monde. Les études anglo-saxonnes ou nord-américaines sont qualitatives et s’intéressent plutôt au comportement du conducteur lorsqu’il a fumé. Ces études sont menées sur de petits échantillons de conducteurs (ex : 15 personnes). Elles montrent qu’il y a un effet dose qui influe sur les perceptions du conducteur, que la majorité des conducteurs sont conscients de l’effet provoqué par la consommation de cannabis et qu’ils adaptent leur conduite en conséquence. Par exemple, ils diminuent leur vitesse et conduisent plus prudemment. Ces études concluent également que la seule consommation de cannabis au volant, est assez peu accidentogène, par contre elles mettent tout de même en évidence que boire de l’alcool et fumer du cannabis multiplie par 15 le risque de survenue d’un accident grave.

 

 

 

B/ L’étude française OFDT/INRETS SAM 2005, et sa version finale OFDT/IFSTTAR 2011.

 

OFDT/CEESAR, INRETS, Groupe SAM, Etude SAM « Stupéfiants et accidents mortels de la circulation routière » Eléments de conclusions, octobre 2005.

http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/SAM1.pdf

Rapport final OFDT/IFSTTAR 2011  http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/epfxblr4.pdf

 

L’étude de référence sur l’accidentologie routière et la consommation de cannabis menée en France par l’OFDT et l’INRETS/IFSTTAR est l'étude SAM "Stupéfiants et accidents mortels de la circulation routière".

 

En 2010, le CIRC a contacté l'INRETS, situé tout près de Lyon et a proposé au professeur Bernard LAUMON, qui a dirigé l'étude SAM, d'intervenir à l'occasion d'une conférence sur le sujet de la conduite routière et de la consommation de cannabis. Il a répondu favorablement à notre invitation et a répondu aux interrogations du public et des membres du CIRC. Vous pouvez prendre connaissance de la retranscription de la conférence en cliquant ici

 

L'étude SAM 2005-2011 est une étude quantitative qui se base sur un échantillon de 10.748 conducteurs impliqués dans 7.458 accidents mortels répertoriés et exploités en France entre 2001 et 2003. Cette étude, par son ampleur et sa durée, est une première mondiale. Contrairement aux études précédentes, celle-ci ne s’intéresse pas au comportement routier des conducteurs sous l’effet du cannabis. Elle cherche à déterminer si parmi les 7.458 accidents exploités statistiquement, il y avait la présence de produits psychotropes dans l’organisme des conducteurs. L’objectif de cette étude est double puisque, d’une part, elle cherche à montrer si les conducteurs positifs au cannabis sont plus fréquemment responsables d'accidents mortels, (et combien de décès sont attribuables au cannabis), et d’autre part, elle permet de faire une comparaison avec l’alcool. Elle permet de dire ce qui tue le plus : l’alcool, le cannabis, ou les deux ? Les conclusions de cette étude sont que le nombre annuel de victimes imputables au cannabis, soit directement par une plus fréquente responsabilité du conducteur dans l’accident, soit indirectement par une plus grande vulnérabilité, serait de l’ordre de 230 tués. En comparaison avec l’alcool, le cannabis « tuerait » dix fois moins (2.270 accidents mortels dus à l’alcool).

 

L’étude met en évidence elle aussi un effet dose : plus l’on boit ou plus l’on fume, plus on multiplie les risques d’être responsable d’un accident mortel, et plus généralement le risque d'être impliqué dans un accident mortel augmente. Pour le cannabis, le risque d’être responsable augmente de façon significative avec la concentration du THC dans le sang : le ratio passant de 1,6 pour un taux de THC inférieur à 1 ng/ml à 2,1 pour un taux supérieur à 5 ng/ml. Les conducteurs sous l’influence du cannabis, toutes doses confondues, ont 1,8 fois plus de risque d’être responsables d’un accident mortel. Ceux conduisant sous l’effet de l’alcool ont 8,5 fois plus de risque. Et ceux conduisant sous l’effet de l’alcool et du cannabis ont 14 fois plus de risque. Cependant l’étude met également en évidence que les conducteurs sous l’influence de l’alcool dont le taux est inférieur à 0,5 g/l ont 2,7 fois plus de risque d’être responsables d’un accident mortel. La conduite en état d’alcoolémie légale présenterait donc plus de risques qu’une conduite illégale sous l’influence du cannabis. Enfin, toutes concentrations confondues, la fraction d’accidents mortels attribuable à une positivité au cannabis est de l’ordre de 2,5 % (contre 28,6 % pour l’alcool).

 

Cette étude fait des constats similaires à ceux des études nord américaines, concernant l’effet dose et la dangerosité accrue en cas de mélange alcool-cannabis. D’un point de vue politique, cette étude n’allant pas dans le sens de ce qui était attendu par ceux qui l’ont diligentée, espérant qu’elle prouve une grande dangerosité du cannabis au volant, elle fut donc vite enterrée.

 

Des études plus récentes, et toutes aussi méconnues du grand public, des médias et des pseudo experts, ont aussi été menées, au sujet de la conduite et l'usage de benzodiazépines, et la conduite et l'utilisation du téléphone portable. Les chercheurs ont même effectué des comparaisons, qui donnent une tendance de la dangerosité de ces comportements via des indicateurs chiffrés. Ainsi, toutes concentrations confondues, le “sur-risque” d’accident serait de 1,92 (95% 1.35-2.73) pour le cannabis et de 8,5 pour l’alcool. A titre de repères, le “sur-risque” d’accident mortel liée à la prise de benzodiazépines, toutes concentrations confondues, est de 2 et celui de l’usage du téléphone portable en conduisant est de 3. Ce ne sont que des indicateurs, à manier avec prudence, certes, mais ils sont assez révélateurs. Et d'après ces recherches, il est difficile voire impossible de conclure en faveur d'une réelle "dangerosité du cannabis au volant" comme on l'entend régulièrement.

 

La communication gouvernementale sur le sujet met toujours l'accent sur sa dangerosité, notamment dans des spots d’informations télévisées ou radiophoniques, particulièrement anxiogènes. Exemple dans les dernières en date : « Fumer du cannabis est illégal, sur la route ça peut être fatal ». Campagne lancée suite à l’estimation selon laquelle : « Depuis 2016 on estime que 22% des personnes tuées sur les routes l'ont été dans un accident impliquant un conducteur ayant fait usage de stupéfiants ». Le cannabis étant le plus populaire et le plus utilisé, il est ici noyé dans la masse des autres substances prohibées. De ce fait beaucoup d’auditeurs-trice-s et de télespectateurs-trice-s confus car troublés par ces messages penseront, à tort, que le cannabis est responsable de 22 % des tués sur les routes. Or c’est faux et la lecture des études le démontre.

Cependant, les situations évoquées reposent sur une réalité. Notamment celle correspondant au mélange alcool-cannabis, reconnu comme accidentogène, voire à une polyconsommation où l’alcool est bien souvent présent, également très accidentogène.  Mais l'alcool étant légal, on insiste, dans ces messages, essentiellement sur "les dangers du cannabis" et du cannabis seulement, car il est illégal et largement consommé. Son illégalité et sa popularité semblent dédouaner l’alcool et les médicaments de toute responsabilité. Occultant également d’autres substances éventuelles moins consommées et moins détectées. Ces messages sont trompeurs et entretiennent la confusion pour nous culpabiliser et nous effrayer. Au lieu de stigmatiser les utilisateurs de cannabis, dont certains sont des malades, et de diaboliser la plante, il serait plus judicieux de communiquer sur les dangers de la polyconsommation de substances.

 

 

 

En conséquence, la loi qui punit l’usage du cannabis au volant donne des raisons de douter des motifs réels de son interdiction qui ne serait pas tant la lutte contre la criminalité routière que le contrôle et la répression des usagers de cannabis. Aujourd'hui plus qu'hier nous n'avons plus aucun doute sur l’illégitimité des lois sur le cannabis et les dernières évolutions législatives sur le sujet, en 2016, nous démontrent encore et toujours que la loi sur le cannabis est finalement toujours plus dangereuse que le cannabis lui-même.

 

 

 

 

 

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